samedi 14 septembre 2019

Jour 1 : Toulouse - Castellón


Départ : Toulouse Francazal LFBF
Arrivée : Castellón LECN (Espagne)

3h de vol et plus de 600 km parcourus

Debout 6h30 pour une sortie de la chambre à 7h30 pour le petit-dej. Le bus de départ vers l’aérodrome de Francazal part à 8h, nous avons donc 30 min pour manger ce qui nous va bien. Le soucis, c’est que tout le monde a dû faire ce calcul. Du coup, on se retrouve à 30 équipages à manger en même temps dans la salle de réception du petit hotel où nous logeons. Ça va le faire.
8h et des poussières, nous partons de l'hôtel pour rejoindre le terrain et nos machines. La météo n’est pas très favorable ce matin. Le ciel est couvert et la pluie menace. C’est le jour de départ officiel donc la photo officielle se fait ce matin. Donc, tout le monde en combinaison bleue du Raid Latécoère.
Nous rejoignons l’avion Azur6 pour enfiler nos belles tenues, puis j’en profite avec Laurent pour remettre un coup d’air les pneus du train principal. Pour cela, il nous faut démonter les carénages du train, ce qui nous prends un bon quart d’heure. Comme il fallait s'y attendre, lolo est à quatre pattes sous l' avion à démonter les carénages de roues pour accéder à la valve. La combinaison est restée propre 30".
Camille prend donc de l’avance pour rejoindre le groupe et assister au début de briefing de départ. Nos belles combinaisons sont baptisées. Laurent est ravi d’avoir tâché sa combinaison lors d’une action mécanique classique. Nous pouvons repartir l’esprit tranquille.

Lors du briefing, le plan de vol nous propose soit d’aller directement au terrain de Castellon (au nord de Valence, en Espagne) soit de faire un passage par Perpignan avant de tirer tout droit jusqu'à Castellon. Notre autonomie carburant nous permet de relier les 310 Nm vers Castellon en direct. Nous sommes découpés en 3 vagues : les rapides avec l’avion ouvreur, les moyens rapides et les lents. Nous ferons parti de la 2eme vagues, la Bravo. Petite attention particulière, nous sommes deux « F-RG » dans la vague Bravo. Il faut rester vigilent et l’organisation du Raid devra apprendre à nous différencier à la radio, nous sommes « F-JRG » et l’autre sera « F-ARG » … du moins c’est ce que l’on aimerait entendre. La vigilance sera de mise car la piste de Castellon est courte (576m à l'atterrissage) alors que les performances demandent une distance d’atterrissage de 535m à la masse maximale. Autant dire qu’il faut être précis. La composition de notre équipage pour cette première portion sera : Camille CDB, Laurent Copil/Nav, Eddy Radio/Carbu.

Il est 11h quand la caravane des 30 avions se met en route, 11h20 quand notre F-JRG roule au point d’attente. Pour fluidifier le traffic, le responsable parking demande aux avions de faire les essais moteurs à l’entrée du parking pour permettre un retour si problème aux essais moteurs. L’objectif reste clairement de fluidifier le trafic. 30 avions à déplacer, ça prend du temps et c’est une logistique incroyable. A 11h30 nous décollons en direction de l’Espagne.


Il fait un temps magnifique sur les Pyrénées. Lolo se mue en cicerone : On arrive au pays des ours bruns. Le terrain de Puivert, le château de Puylaurens, et Le Vivier, au bout de l'aile, sans s' éloigner de la route : Le tourisme y perd, mais le raid nous transforme déjà en vieux routiers de la ligne, alors on reste sur le trait. Nous voilà en Espagne. Le relief redescend et la végétation s' assèche. Les oliviers remplacent les chênes verts.


Une fois en vol, la mécanique de l’équipage se met en route. Notre équipement et le dispositif du Raid nous pousse à fonctionner en équipe comme à l’époque de Mermoz. Ce dernier disait d'ailleurs que le secret de la réussite de ses exploits sur la Ligne était l’alliance parfaite entre pilote, radio et navigateur à bord. Étrangement, nous nous retrouvons dans cette situation à bord. L'organisation nous demande de garder une oreille sur la fréquence du Raid (130.0) en parallèle des contacts espagnols à entreprendre en fonction des espaces aériens traversés. Nous n’avons qu’une radio à bord, heureusement Camille a pensé à emmener une radio portative pour des histoires de réglementation des fréquences radios en 8.33kHz. Cette seconde radio devient l’instrument du radio (moi) pendant le vol. Laurent gérera la Navigation précise à suivre selon le plan de vol déposé la veille pour arranger les autorités espagnoles qui ne sont guère enchantées à l'idée de voir passer une caravane de 30"avions traverser leurs espaces aériens. Pendant ce temps, Camille s’attelle à piloter l’avion selon le cap et l’altitude à conserver sur cette route. Le vol en troupeau ne s’improvise pas, libérer de la charge de travail à Camille pour lui laisser plein contrôle de la machine et le visuel sur les avions alentour, n’est pas superflu. Et pour cause, notre caravane se sépare en 3, une partie se déroute à Lezignan pour rencontrer des enfants français, une autre partie passe par Perpignan pour refueler et notre partie part directement vers Castellon. 

Les 3h de vol passent très vite, la conversation est copieuse sur 130.0, il faut trier les infos et les transmettre au pilote et copilote. Le seul problème c'est que nous ne pouvons pas nous connecter à la fois à la radio portative et au téléphone de bord. On la joue à l’ancienne. Je tape sur l’épaule de Laurent quand j'ai une info importante qu.'il s’empresse de transmettre à Camille si besoin. Je m'efforce à noter les heures de changement de réservoir afin de calculer de manière aussi précise que possible la quantité de carburant restant dans nos réservoirs à notre arrivée à Castellon. Nous repartirons le lendemain sans refueler. Il est donc impératif de savoir combien il nous restera de carburant et où il se situe dans l’avion pour le centrage. Tout cela, pendant que devant, Camille et Laurent veillent sur le trafic visuel et à la radio (en espagnol et anglais svp!).Nous finirons par nous faire rattraper par le leader de la vague Charlie, notre avion n'étant pas aussi rapide que prévu. Pas de panique, un coup d'oeil, une coucou à la radio et il nous dépasse gentiment par la droite. Il nous prend en photos alors que je l’attrape dans ma caméra. Nous nous échangerons nos cadeaux le soir venu.



Nous passons une dernière chaîne de montagnes et c' est la Méditerranée devant nous. Plage de sable blanc et mer turquoise. Avec des vagues dedans et des véliplanchistes dessus. Il y a pas mal de vent.

Arrivée à Castellon, le vent menace sans que nous nous en apercevons. L’organisation nous demande d'éviter la verticale terrain et de nous intégrer directement en vent arrière. Nous ne pouvons pas observer la manche à air. Nous savons que la piste de Castellon est limitative et qu’il existe un seuil décalé. Nous allons vite découvrir pourquoi. Alors qu’en fin de vent arrière un trafic précédemment difficile à percevoir entame son dernier virage, nous entamons un 360 d’attente pour reprendre un dernier virage et une finale correcte. Nous nous présentons en finale en correction de dérive, synonyme de vent de travers. Une fois au dessus de l’entrée de piste au niveau du seuil décalé, un fort rabattant tente de nous plaquer au sol nous forçant à une correction réflexe de puissance qui nous permet de rattraper le coup. Merci à la force de Jedi de Lolo pour le coup. Voilà la raison du seuil décalé : une rangée d’arbre travers du bout de piste 36 que nous prenons perturbe l'approche finale. L’atterrissage se déroule bien pour nous, ce n’est pas le cas pour tout le monde.

Alors que nous amarrons solidement l’avion au sol par au moins 20kt avec rafale vers 25kt, un SR22 de notre caravane se présente en finale,se fait également surprendre par le rabattant mais n’a pas le réflexe au bon moment. L’avion pique un peu trop, l’hélice touche le sol, l’avion s’incline légèrement et l’aile gauche touche le sol avant de se restabiliser et de s’immobiliser sur la piste. Nous courons vers l’avion les aider. Plus de peur que de mal, l'hélice en carbone a absorbé le frottement mais le tube pitot sous l’aile gauche n’a pas résisté. L’avion est inutilisable en l'état, le dépannage sur place n’est pas possible. En ce premier soir, nous perdons déjà un équipage heureusement sain et sauf.
Un peu de temps libre à l'hôtel nous permet de remplir les papiers de l’avion et de roupiller quelques minutes après une bonne douche. Le briefing étape à 19h donne les News du jour et du lendemain pour le départ. La météo incertaine nous force à envisager différents plans pour le lendemain. Dans ce cas de figure, deux itinéraires sont envisagés : un beau temps et un mauvais temps, ça ne s’invente pas. On part gagnant sur le beau temps pour déposer notre plan de vol mais la météo nous annonce menteur. On verra bien.
Une petite démo de gestes qui sauvent faite par un toubib présent dans la caravane conclue cette soirée avant le repas qui nous emmènera au lit. Il est déjà 23h30.

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