Départ : Toulouse Francazal LFBF
Arrivée : Castellón LECN (Espagne)
3h de vol et plus de 600 km parcourus
Debout 6h30 pour une sortie de la chambre à 7h30 pour le
petit-dej. Le bus de départ vers l’aérodrome de Francazal part à 8h, nous avons
donc 30 min pour manger ce qui nous va bien. Le soucis, c’est que tout le monde a dû faire ce calcul. Du coup, on se retrouve à 30 équipages à manger en même
temps dans la salle de réception du petit hotel où nous logeons. Ça va le
faire.
8h et des poussières, nous partons de l'hôtel pour rejoindre
le terrain et nos machines. La météo n’est pas très favorable ce matin. Le ciel
est couvert et la pluie menace. C’est le jour de départ officiel donc la photo
officielle se fait ce matin. Donc, tout le monde en combinaison bleue du Raid
Latécoère.
Nous rejoignons l’avion Azur6 pour enfiler nos belles tenues, puis
j’en profite avec Laurent pour remettre un coup d’air les pneus du train
principal. Pour cela, il nous faut démonter les carénages du train, ce qui nous
prends un bon quart d’heure. Comme il fallait s'y attendre, lolo est à quatre pattes sous l' avion à démonter les carénages de roues pour accéder à la valve. La combinaison est restée propre 30".
Camille prend donc de l’avance pour rejoindre le
groupe et assister au début de briefing de départ. Nos belles combinaisons sont
baptisées. Laurent est ravi d’avoir tâché sa combinaison lors d’une action
mécanique classique. Nous pouvons repartir l’esprit tranquille.
Lors du briefing, le plan de vol nous propose soit d’aller
directement au terrain de Castellon (au nord de Valence, en Espagne) soit de
faire un passage par Perpignan avant de tirer tout droit jusqu'à Castellon.
Notre autonomie carburant nous permet de relier les 310 Nm vers Castellon en
direct. Nous sommes découpés en 3 vagues : les rapides avec l’avion
ouvreur, les moyens rapides et les lents. Nous ferons parti de la 2eme vagues,
la Bravo. Petite attention particulière, nous sommes deux « F-RG »
dans la vague Bravo. Il faut rester vigilent et l’organisation du Raid devra
apprendre à nous différencier à la radio, nous sommes « F-JRG » et
l’autre sera « F-ARG » … du moins c’est ce que l’on aimerait entendre. La vigilance sera de mise car la piste de Castellon est courte (576m
à l'atterrissage) alors que les performances demandent une distance
d’atterrissage de 535m à la masse maximale. Autant dire qu’il faut être précis.
La composition de notre équipage pour cette première portion sera :
Camille CDB, Laurent Copil/Nav, Eddy Radio/Carbu.
Il est 11h quand la caravane des 30 avions se met en route,
11h20 quand notre F-JRG roule au point d’attente. Pour fluidifier le traffic,
le responsable parking demande aux avions de faire les essais moteurs à
l’entrée du parking pour permettre un retour si problème aux essais moteurs.
L’objectif reste clairement de fluidifier le trafic. 30 avions à déplacer, ça prend du temps et c’est une logistique incroyable. A 11h30 nous décollons en
direction de l’Espagne.
Il fait un temps magnifique sur les Pyrénées. Lolo se mue en cicerone : On arrive au pays des ours bruns. Le terrain de Puivert, le château de Puylaurens, et Le Vivier, au bout de l'aile, sans s' éloigner de la route : Le tourisme y perd, mais le raid nous transforme déjà en vieux routiers de la ligne, alors on reste sur le trait. Nous voilà en Espagne. Le relief redescend et la végétation s' assèche. Les oliviers remplacent les chênes verts.
Une fois en vol, la mécanique de
l’équipage se met en route. Notre équipement et le dispositif du Raid nous
pousse à fonctionner en équipe comme à l’époque de Mermoz. Ce dernier disait
d'ailleurs que le secret de la réussite de ses exploits sur la Ligne était
l’alliance parfaite entre pilote, radio et navigateur à bord. Étrangement, nous
nous retrouvons dans cette situation à bord. L'organisation nous demande de
garder une oreille sur la fréquence du Raid (130.0) en parallèle des contacts
espagnols à entreprendre en fonction des espaces aériens traversés. Nous
n’avons qu’une radio à bord, heureusement Camille a pensé à emmener une radio
portative pour des histoires de réglementation des fréquences radios en
8.33kHz. Cette seconde radio devient l’instrument du radio (moi) pendant le
vol. Laurent gérera la Navigation précise à suivre selon le plan de vol déposé
la veille pour arranger les autorités espagnoles qui ne sont guère enchantées à l'idée de voir passer une caravane de 30"avions traverser leurs espaces aériens.
Pendant ce temps, Camille s’attelle à piloter l’avion selon le cap et
l’altitude à conserver sur cette route. Le vol en troupeau ne s’improvise
pas, libérer de la charge de travail à Camille pour lui laisser plein contrôle
de la machine et le visuel sur les avions alentour, n’est pas superflu. Et
pour cause, notre caravane se sépare en 3, une partie se déroute à Lezignan
pour rencontrer des enfants français, une autre partie passe par Perpignan pour
refueler et notre partie part directement vers Castellon.
Les 3h de vol passent très vite, la conversation est copieuse sur 130.0, il faut trier les infos et les
transmettre au pilote et copilote. Le seul problème c'est que nous ne pouvons
pas nous connecter à la fois à la radio portative et au téléphone de bord. On
la joue à l’ancienne. Je tape sur l’épaule de Laurent quand j'ai une info
importante qu.'il s’empresse de transmettre à Camille si besoin. Je m'efforce à
noter les heures de changement de réservoir afin de calculer de manière aussi
précise que possible la quantité de carburant restant dans nos réservoirs à
notre arrivée à Castellon. Nous repartirons le lendemain sans refueler. Il est
donc impératif de savoir combien il nous restera de carburant et où il se situe
dans l’avion pour le centrage. Tout cela, pendant que devant, Camille et
Laurent veillent sur le trafic visuel et à la radio (en espagnol et anglais
svp!).Nous finirons par nous faire rattraper par le leader de la vague Charlie,
notre avion n'étant pas aussi rapide que prévu. Pas de panique, un coup d'oeil,
une coucou à la radio et il nous dépasse gentiment par la droite. Il nous prend
en photos alors que je l’attrape dans ma caméra. Nous nous échangerons nos
cadeaux le soir venu.
Nous passons une dernière chaîne de montagnes et c' est la Méditerranée devant nous. Plage de sable blanc et mer turquoise. Avec des vagues dedans et des véliplanchistes dessus. Il y a pas mal de vent.
Arrivée à Castellon, le vent menace
sans que nous nous en apercevons. L’organisation nous demande d'éviter la
verticale terrain et de nous intégrer directement en vent arrière. Nous ne pouvons
pas observer la manche à air. Nous savons que la piste de Castellon est
limitative et qu’il existe un seuil décalé. Nous allons vite découvrir
pourquoi. Alors qu’en fin de vent arrière un trafic précédemment difficile à
percevoir entame son dernier virage, nous entamons un 360 d’attente pour
reprendre un dernier virage et une finale correcte. Nous nous présentons en
finale en correction de dérive, synonyme de vent de travers. Une fois au dessus de l’entrée de piste au niveau du seuil décalé, un fort rabattant tente de nous
plaquer au sol nous forçant à une correction réflexe de puissance qui nous
permet de rattraper le coup. Merci à la force de Jedi de Lolo pour le coup.
Voilà la raison du seuil décalé : une rangée d’arbre travers du bout de piste 36
que nous prenons perturbe l'approche finale. L’atterrissage se déroule bien pour nous, ce n’est pas le cas
pour tout le monde.
Alors que nous amarrons solidement l’avion au sol par au
moins 20kt avec rafale vers 25kt, un SR22 de notre caravane se présente en
finale,se fait également surprendre par le rabattant mais n’a pas le réflexe au
bon moment. L’avion pique un peu trop, l’hélice touche le sol, l’avion
s’incline légèrement et l’aile gauche touche le sol avant de se restabiliser et
de s’immobiliser sur la piste. Nous courons vers l’avion les aider. Plus de
peur que de mal, l'hélice en carbone a absorbé le frottement mais le tube pitot
sous l’aile gauche n’a pas résisté. L’avion est inutilisable en l'état, le dépannage
sur place n’est pas possible. En ce premier soir, nous perdons déjà un équipage
heureusement sain et sauf.
Un peu de temps libre à l'hôtel nous permet de remplir les papiers de l’avion et de roupiller quelques minutes
après une bonne douche. Le briefing étape à 19h donne les News du jour et du
lendemain pour le départ. La météo incertaine nous force à envisager différents
plans pour le lendemain. Dans ce cas de figure, deux itinéraires sont envisagés
: un beau temps et un mauvais temps, ça ne s’invente pas. On part gagnant sur
le beau temps pour déposer notre plan de vol mais la météo nous annonce
menteur. On verra bien.
Une petite démo de gestes qui
sauvent faite par un toubib présent dans la caravane conclue cette soirée avant
le repas qui nous emmènera au lit. Il est déjà 23h30.
Bravo on suit votre périple.famille Christau depuis le Vivier. 66
RépondreSupprimer