Jour 0 : Le début de l'aventure AZUR 6
Voilà un an que nous en parlions, ça y est : l'équipage Azur 6 est sur le départ pour Dakar. En guise de hors d' œuvre, il
faut rejoindre Troyes en train via Paris pour Eddy et Laurent. Camille est
déjà sur place, pour positionner l'avion sur l'aérodrome
de Troyes et faire le plein d'essence, la piste de Bar-sur-Seine étant moins propice au départ car un
peu en pente et il n'y a pas d'essence sur le terrain. Le plan se déroule sans
accroc. Eddy et Laurent traversent la capitale à l' heure de pointe au milieu
d' un joyeux désordre causé par un accident, et arrivent en avance. La gare de
Lyon est passée en trombe, à peine le temps de voir le ciel. La Bastille : même pas le temps de remarquer qu'un fleuve coule à Paris. La République, sous
terre, dans des wagons pleins qui se remplissaient encore à chaque station. Eddy
s' incruste dans la barre centrale. Nos bagages nous créent une petite poche au
milieu de la foule des jours de galère. La grève est prévue le lendemain, mais
c' est déjà la guerre. On croise une jeune femme qui transporte des morceaux de
bois dans un sac à l' épaule, planche, tasseaux…ça frôle les yeux, ça manque
de se coincer dans la porte. Lolo, plus discret, balance son sac à dos rempli
de gilets garnis de couteaux et de lances-fusées dans le museau de ses voisins
pas méfiants. Mais pas rancuniers non plus. Nous sommes éjectés à la gare
de l'Est, avec assez d' élan pour arriver sur le quai des grandes lignes sans
quasiment toucher terre. Un coup d' œil à l' affichage, le train déhotte
dans 3 minutes pour Troyes sur le quai le plus éloigné. Ce n' est pas le train
prévu, le bon est dans une demi-heure. Mais Lolo est repassé en mode parigot total : au pas de charge, les deux voyageurs sautent dans le premier wagon, lancent
leurs bagages dans les filets, s' assoient, et le train démarre. La traversée de Paris en 40’.
Lolo euphorique lors de son voyage vers Troyes. On dirait Bibi Fricotin... |
Pendant ce temps-là, Camille est en train de convoyer l'avion de
Bar-sur-Seine à Troyes, pour pouvoir faire le plein, profiter d' une longue
piste en dur bien plate pour un décollage à la masse max, et c' est plus prêt
de chez elle. Elle en profite pour essayer la radio portative ajoutée la
veille : ça marche plutôt pas mal. Les efforts du week-end précédent ont
payé. L' équipage Azur 6 va partir avec 2 radios, dont une à la dernière mode.
L' aventure ne sera pas contrariée par ce détail. Eddy découvre l' avion pour
la première fois. Il est rutilant (l'avion, pas Eddy). Il sort de visite (l'
avion, pas Eddy). D'après Camille, il démarre au quart de tour (Eddy ?
Non, l'avion…). L' avion est garé dans le hangar du club de planeur de Troyes,
dans lequel vole Camille.
F-PJRG nous attends gentiment dans son hangar avant le grand départ |
Nous faisons la connaissance d'un instructeur planeur qui
rentre chez lui, la journée finie. Nous mangeons dans un joyeux chahut chez Camille, le cœur léger. Nous sommes réunis, l' avion est prêt, le départ
est imminent et les obstacles derrière nous. Nous disons au revoir à ceux et
celles que nous ne verrons pas le lendemain. Ensuite, revue des bagages, pesée. Nous avons beaucoup de bagages, mais la présence des deux crevettes de l'équipage nous maintient résolument sous la masse max. Moyennant de caser tout
ça dans l' avion, nous pourrons décoller, et même monter… Presque minuit.
Allez, dodo.
Notre quantité de bagages au pied de l'avion |
Demain, c' est le grand jour. Maintenant, ce serait bien qu'il
fasse beau. Les prévisions ne sont pas pessimistes. Coucher de soleil de
western à Troyes, et pleine lune façon Appolo. Peut-être un peu de brume
matinale…
La brume matinale n' a pas l' air si hostile. Le temps de se
préparer. Cavok à St Yan à 8h00. Je le note pour l' Histoire. Ça n' arrive
jamais. Idem à Avord. Personne va nous croire. 9h00, il fait gris, mais avec du
plafond et de la visi.
Le raid Latécoère commence par un séance de travaux
pratiques sur le RG. Découpe des autocollants de nos soutiens. On s' applique,
on nettoie, on colle. A la fin, c' est assez joli. Ça a tenu au moins jusqu'à
Toulouse, mais il a fait beau. La grisaille s' arrêtait à Avallon. Les bagages
sont rangés dans l' avion. Le résultat se situe à mi-chemin entre un camion de
glace et une roulotte de gitan. Mais c' est joli.
Finalement, l' avion est roulé devant le hangar gentiment
prêté par le club de planeur de Troyes. Eddy immortalise l' événement façon
Orson Wells dans la "soif du mal" : grue, travelling, plan séquence, tout. 20
minutes après, nous sommes en l' air. Il fait encore assez gris, mais pas assez
pour empêcher Camille de faire un petit passage à la hauteur de le remise de gaz. Un battement
d'ailes pour la famille et les amis, et en route.
Laurent vérifie la symétrie de la décoration de l'avion, l'âme du mécanicien resurgit |
L'équipage AZUR6 prêt au départ vers Toulouse- Francazal |
Pour la première étape, il nous faut rejoindre Toulouse. Camille
connaît bien l'avion et le coin du départ. Eddy vient juste d'être breveté.
Lolo a volé 3 fois sur la machine. Logiquement, c'est Camille qui commence. Eddy
fera la deuxième branche et Lolo la troisième. Nous avions maquillé un plan il
y a plusieurs semaines. Nous allons pouvoir le mettre en œuvre. Changement d'
équipage à Moulins. Eddy monte en selle pour quelques tours de piste, histoire
de prendre l' avion en main. Puis, départ vers Aurillac. Le pilotage n’est effectivement pas très différent d’un DR400 classique à quelques détails près comme la disposition des instruments sur le tableau de bord, le frein à main et non au pieds et les volets électriques pour ne citer que ça. Nous avons la chance
de passer le Fuji Bougnat sous une tempête de ciel bleu. ‘tite photo,
évidemment. La chaîne des Puys, itou. Lolo prend le temps d'immortaliser le moment avec son bigophone de compet'.
Laurent se présente en finale du terrain de Francazal LFBF |
L'avion AZUR6 au pied de la Tour de Francazal pour ravitaillement |
Après un total de presque 4h de vol (avec 2 escales), nous rejoignons Francazal où le comité d'accueil du Raid nous attend pour nous remettre le paquetage officiel, à savoir 1 combinaison, 2 t-shirts, 2 casquettes et des goodies. On nous remet également la balise de détresse GPS permettant à chaque participant d’être localisé. À l’issue, un film inédit de l’édition 2018 est projeté sur les portes du hangar avant de faire le briefing d’arrivée du Raid Latecoère 2019. 30 avions pour une petite centaine de personnes, ça demande de l’organisation.
Accueil des participants au Raid Latécoère 2019 dans le hangar de Francazal, en jaune les participants, en orange le staff |
Après le briefing, on nous emmène en bus à l’Envol des pionniers, musée situé sur les anciennes installations de Latécoère au moment du lancement de la Ligne du même nom à Montaudran. On nous accueille par un petit discours de bienvenue, une visite gratuite libre du musée où se trouve un Salmson 2A2 (avion du premier vol historique en décembre 1918), une conférence racontant l’histoire de la Ligne et enfin un cocktail dînatoire offert par les sponsors du Raid.
L'entrée de l'envol des pionniers |
Une maquette de la Croix du Sud de Mermoz |
Reconstitution d'un briefing façon Aéropostale de l'époque |
Laurent et Camille devant un Salmson 2A2 sensiblement identique à celui du premier vol de Latécoère en 1918 |
Nous rentrons tard à l’hôtel où nous devons déposer le plan de vol pour le lendemain et regarder la carte pour avoir en tête le tracé. Car oui, nous avons un GPS, mais en avion mieux vaut savoir où l’on va et à quoi ça ressemble en avance de phase.
Revue du vol du lendemain pour dépôt du plan de vol vers l'Espagne |
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