dimanche 22 septembre 2019

Jour 6 : Tarfaya (Maroc) - Nouadhibou (Mauritanie)

Départ : Tarfaya GMAF (Maroc)
Escales : Laayoune GMML (Maroc) et Dakhla GMMH (Maroc)
Arrivée : Nouadhibou GQPP (Mauritanie)

Distance :1000 km
Temps de vol : 5h30

Ce matin du 19/09, on se réveille heureux d’avoir accompli une grande étape de notre voyage. Le réveil dans ce bivouac à l'ambiance nomade du désert nous prolonge le rêve un peu plus longtemps.

Le bivouac au pied du fort de Cap Juby
Coté bonne nouvelle, les carnets de vol de l'équipage Azur 6 s’ornent désormais d’un joli tampon de l'aérodrome de Tarfaya. Une petite blague nous a fait courir nombreux vers une petite cahute au bout de la piste dans laquelle 2 types nous ont vus débarquer sans comprendre. Le tampon était simplement dans la poche de l’ouvreur du raid, qui s’est bien marré.
Côté sujet d'inquiétude, le moteur consomme plus d’huile que prévu, de l’ordre de 0.3 l par heure, la valeur maximale tolérée d'après les mécaniciens. Nous avons de l’huile, achetée à Casablanca  précisément pour faire face à cette consommation inattendue. Les vols courts effectués jusqu’au Maroc nous l’ont un peu masquée, mais là, c’est assez net. Malheureusement, nous risquons de ne pas pouvoir utiliser cette huile, qui n’est pas exactement celle utilisée jusqu'à présent par le moteur. Les avis sur la possibilité de mélanger sont partagés. Oui pour certains, non pour d’autres. Nous restons perplexes, mais résolus à mettre de l’huile dans le moteur s’il en demande. Dussions-nous mettre de l’huile d’olive…Pas de traces de fuite d’huile sur l’avion, assez d’huile du modèle initial pour aller jusqu'à Dakar : nous continuons, le front plissé sur des sourcils un peu froncés.
Notre avion au bord de la piste de Tarfaya
Nous procédons au briefing matinal, nous partons à Nouadhibou aujourd’hui mais avant ça, nous avons une mission. Nous allons à la rencontre de nos chaleureux petits amis de CM2 de l’école Paul Pascon de Laayoune. Et pour cela nous devons partir tôt, nous en informons l’organisation. La couleur est annoncée, nous allons courir après le temps aujourd’hui mais le jeu en vaut la chandelle. Nous partons dans les premiers direction Laayoune. Camille pilote, Eddy copilote et Laurent derrière. Nous décollons de Tarfaya avec une mission précise à la façon des pilotes de l'Aéropostale qui devaient faire passer le courrier coûte que coûte.

Vol bref et sans histoire au-dessus du désert au bout duquel l’oasis de Laayoune nous apparaît. La ville est assez étendue et l’eau semble y être abondante. Tiens, deux mirages F1 marocains qui roulent au point d'arrêt. Démangeaisons dans l’index du spotter, mais nous sommes sur un terrain militaire et on nous a conseillé de ne pas faire d'excentricités.
Survol de Laayoune à l'arrivée
Camille pose F-JRG sur la piste de Laayoune
Sur place, nous nous séparons les tâches pour aller plus vite. Laurent gère le ravitaillement de l’avion, Camille dépose le plan de vol et Eddy prend contact avec l’école pour coordonner le déplacement. Quelques minutes plus tard, nous sommes prêts à partir tous les 3 vers l’école. Nous sommes dans les starting-blocks. L’organisation est prévenue, nous devons viser le départ de la dernière vague, nous avons un peu moins de 2h. Le directeur vient nous récupérer et nous arrivons à l’école sous les yeux étincelants de cette jeunesse marocaine qui se prend à rêver en même temps que nous. Une banderole « Bienvenue Azur 6 » a été accrochée et suspendue au 1er étage pour nous planter le décor. Le chemin jusqu'à la classe de nos amis est riche en rencontres,  beaucoup d’enfants viennent nous voir pour des autographes et pour nous saluer. Ce doit être le prestige de la combinaison de vol car au fond, nous ne sommes guère plus que des enfants comme eux, émerveillés par l’accueil qu’ils nous offrent. 

La cour de l'école OSUI Paul Pascon de Laayoune

Camille surprise devant la banderole d'accueil des enfants

Les élèves de la classe de CM2 sont visiblement heureux de nous revoir depuis Tarfaya
Dans la classe, nous sommes assis tous en rond ensemble avec les enfants qui passent du temps à nous poser des questions sur notre voyage, le pilotage et le temps dans l’avion. Les élèves s’amusent de voir ceux qu'ils considèrent comme des vedettes en chair et en os, plutôt qu’en 2 dimensions sur un écran de télé. Les "vedettes" sont un peu roussies par deux journées à 5 h de vol, au début d’une nouvelle longue journée de vols. Nous n’avons pas beaucoup de temps, mais nous faisons durer le plaisir. Les enfants nous parlent de leur vie dans le désert. Incroyable, ils nous parlent de jardins, de fleurs, alors que l'aridité de l’air chargé de sable nous irrite le nez depuis hier. Ils nous offrent du thé. Là aussi, surprise : ce patelin du bout du monde est réputé dans tout le Maroc pour son thé : 9731% excellent. 
Azur 6 devant la porte de la classe de CM2

Une des élèves nous montre comment on écrit "avion" en langage local
Nous terminons par le tournage d’un petit message vidéo qui nous accompagnera lors de notre retour en France où nous allons le partager avec l’école Jacqueline Auriol d’Istres, l’autre bout du lien, à notre point de départ. La liaison est créée. Des enfants marocains sont liés à des enfants français à notre petite échelle, le temps d’un échange. Ils souhaitent entretenir ce lien et communiquer par Skype ou par courrier avec les jeunes français. C’est noté, nous repartons avec une autre mission, boucler la boucle. C’est une grande émotion et un bonheur absolu pour nous de pouvoir jouer le trait d’union entre ces classes.
Le chef pilote nous rappelle à l’ordre, il est temps de rentrer à l’aéroport de Laayoune. Un grand merci à l’école OSUI Paul Pascon qui nous a permis de réaliser un de nos rêves en partageant toutes ces choses avec leurs élèves.

Nous couchons ce soir en Mauritanie, à Nouadhibou. Nous partons presque en courant, pas fiers de nous. Les bagages en provenance de Tarfaya sont au pied de l’avion, ouf. Mise en route. Roulage. Essais moteur. Décollage. On a 4h00 de vol jusqu'à Nouadhibou, et nous sommes partis vite, trop vite. Ça n’est pas une première sur le raid et nous râlons un peu. La routine du vol reprend le dessus.
Départ de Laayoune avec survol de la rivière à la sortie de la ville
La suite du voyage se déroule paisiblement. Seul bémol, tous les équipages ont oublié de faire tamponner leur passeport pour sortir du territoire marocain, nous devons donc nous poser à Dakhla pour les formalités administratives. Nouveau plan de vol, déposé à l’ancienne, sur du papier. Nous perdons du temps, mais l'avantage d'être partis tôt, c’est que nous gardons une marge confortable par rapport à la tombée de la nuit. En plus, le vent souffle du nord sur le Sahara. Atterrissage turbulent, mais nous avons une vitesse sol pas banale tout en ménageant la mécanique et notre essence. Les terrains de déroutement ne sont pas légions dans le coin. Pour Nouadhibou, c’est Nouakchott. C’est à peine moins loin que de retourner à Dakhla. 



Pose Sandwich en vol au côté du Captain des Com'unmanche : Lolo Lafayette

Lolo pose l'avion à Dakhla
Nous repartons dans la foulée, direction Nouadhibou. Le défilé du désert évoluant sous nos ailes reste spectaculaire. La roche jaune parsemée de collines et de vallons laisse place aux dunes de sables si typiques de l’image du désert que nous nous faisons. Les falaises vers l’océan restent bien découpées façon biscotte que l’on a cassée. On ne se lasse pas de ce paysage qui rend humble face à cette immensité sableuse.

Les côtes Mauritaniennes
L’arrivée à Nouadhibou se passe sans problème et nous arrivons avec une heure de moins encore. Nous sommes à présent synchronisés sur l’heure universelle (UTC), celle utilisée en aéronautique. Nous avons 2h en moins par rapport à la France.

Camille pose notre avion à Nouadhibou
Au sol, nous inspectons notre moteur qui semble consommer un peu trop d’huile à notre goût. Sur consultation des mécanos, c’est normal, notre moteur n’est pas tout jeune, pas de fuite c’est juste de la gourmandise. Il est vrai que jusqu’à maintenant, il démarre au quart de tour mais nous le garderons tout de même à l’œil. Dans le pire des cas, nous nous sommes entraînés à dessiner des moutons, si besoin...


Inspection du niveau d'huile de fin de journée, on y tient à notre moteur, surtout quand on en a qu'un !

2 commentaires:

  1. Si vous gardez votre âme d'enfant et la faculté de vous émerveiller simplement c'est gagné!

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  2. Coucou à vous trois ! Je vous suivais sur FB mais je n'avais pas testé le blog ! C'est chose faite ! J'ai tout lu d'une traite... quelle claque ! Vous m'avez fait voyager comme jamais. Un grand merci à vous d'avoir pris le temps de partager cela. A bientôt et continuez à profiter de cette aventure exceptionnelle !
    Stef G.

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