Escales : Laayoune GMML (Maroc) et Dakhla GMMH (Maroc)
Arrivée : Nouadhibou GQPP (Mauritanie)
Distance :1000 km
Temps de vol : 5h30
Ce matin du 19/09, on se réveille heureux d’avoir accompli une grande étape de notre voyage. Le réveil dans ce bivouac à l'ambiance nomade du
désert nous prolonge le rêve un peu plus longtemps.
Le bivouac au pied du fort de Cap Juby |
Coté bonne nouvelle, les carnets de vol de l'équipage Azur 6 s’ornent désormais d’un joli tampon de l'aérodrome de Tarfaya. Une petite blague nous a fait courir nombreux vers une petite cahute au bout de la piste dans laquelle 2 types nous ont vus débarquer sans comprendre. Le tampon était simplement dans la poche de l’ouvreur du raid, qui s’est bien marré.
Côté sujet d'inquiétude, le moteur consomme plus d’huile que prévu, de l’ordre de 0.3 l par heure, la valeur maximale tolérée d'après les mécaniciens. Nous avons de l’huile, achetée à Casablanca précisément pour faire face à cette consommation inattendue. Les vols courts effectués jusqu’au Maroc nous l’ont un peu masquée, mais là, c’est assez net. Malheureusement, nous risquons de ne pas pouvoir utiliser cette huile, qui n’est pas exactement celle utilisée jusqu'à présent par le moteur. Les avis sur la possibilité de mélanger sont partagés. Oui pour certains, non pour d’autres. Nous restons perplexes, mais résolus à mettre de l’huile dans le moteur s’il en demande. Dussions-nous mettre de l’huile d’olive…Pas de traces de fuite d’huile sur l’avion, assez d’huile du modèle initial pour aller jusqu'à Dakar : nous continuons, le front plissé sur des sourcils un peu froncés.
Notre avion au bord de la piste de Tarfaya |
Nous procédons au briefing
matinal, nous partons à Nouadhibou aujourd’hui mais avant ça, nous avons une
mission. Nous allons à la rencontre de nos chaleureux petits amis de CM2 de
l’école Paul Pascon de Laayoune. Et pour cela nous devons partir tôt, nous en
informons l’organisation. La couleur est annoncée, nous allons courir après le
temps aujourd’hui mais le jeu en vaut la chandelle. Nous partons dans les
premiers direction Laayoune. Camille pilote, Eddy copilote et Laurent derrière.
Nous décollons de Tarfaya avec une mission précise à la façon des pilotes de l'Aéropostale qui devaient faire passer le courrier coûte que coûte.
Vol bref et sans histoire au-dessus du désert au bout duquel l’oasis de Laayoune nous apparaît. La ville est assez étendue et l’eau semble y être abondante. Tiens, deux mirages F1 marocains qui roulent au point d'arrêt. Démangeaisons dans l’index du spotter, mais nous sommes sur un terrain militaire et on nous a conseillé de ne pas faire d'excentricités.
Survol de Laayoune à l'arrivée |
Camille pose F-JRG sur la piste de Laayoune |
Sur place, nous
nous séparons les tâches pour aller plus vite. Laurent gère le ravitaillement
de l’avion, Camille dépose le plan de vol et Eddy prend contact avec l’école
pour coordonner le déplacement. Quelques minutes plus tard, nous sommes prêts à
partir tous les 3 vers l’école. Nous sommes dans les starting-blocks.
L’organisation est prévenue, nous devons viser le départ de la dernière vague,
nous avons un peu moins de 2h. Le directeur vient nous récupérer et nous
arrivons à l’école sous les yeux étincelants de cette jeunesse marocaine qui se
prend à rêver en même temps que nous. Une banderole « Bienvenue Azur 6 » a été
accrochée et suspendue au 1er étage pour nous planter le décor. Le chemin jusqu'à la classe de nos amis est riche en rencontres, beaucoup d’enfants viennent nous
voir pour des autographes et pour nous saluer. Ce doit être le prestige de la
combinaison de vol car au fond, nous ne sommes guère plus que des enfants comme
eux, émerveillés par l’accueil qu’ils nous offrent.
La cour de l'école OSUI Paul Pascon de Laayoune |
Camille surprise devant la banderole d'accueil des enfants |
Les élèves de la classe de CM2 sont visiblement heureux de nous revoir depuis Tarfaya |
Dans la classe, nous sommes assis tous en rond ensemble avec les enfants qui passent du temps à nous poser des questions sur notre voyage, le pilotage et le temps dans l’avion. Les élèves s’amusent de voir ceux qu'ils considèrent comme des vedettes en chair et en os, plutôt qu’en 2 dimensions sur un écran de télé. Les "vedettes" sont un peu roussies par deux journées à 5 h de vol, au début d’une nouvelle longue journée de vols. Nous n’avons pas beaucoup de temps, mais nous faisons durer le plaisir. Les enfants nous parlent de leur vie dans le désert. Incroyable, ils nous parlent de jardins, de fleurs, alors que l'aridité de l’air chargé de sable nous irrite le nez depuis hier. Ils nous offrent du thé. Là aussi, surprise : ce patelin du bout du monde est réputé dans tout le Maroc pour son thé : 9731% excellent.
Azur 6 devant la porte de la classe de CM2 |
Une des élèves nous montre comment on écrit "avion" en langage local |
Nous terminons par le
tournage d’un petit message vidéo qui nous accompagnera lors de notre retour en
France où nous allons le partager avec l’école Jacqueline Auriol d’Istres, l’autre
bout du lien, à notre point de départ. La liaison est créée. Des enfants
marocains sont liés à des enfants français à notre petite échelle, le temps d’un
échange. Ils souhaitent entretenir ce lien et communiquer par Skype ou par
courrier avec les jeunes français. C’est noté, nous repartons avec une autre
mission, boucler la boucle. C’est une grande émotion et un bonheur absolu pour
nous de pouvoir jouer le trait d’union entre ces classes.
Le chef pilote nous rappelle à l’ordre, il est temps de rentrer à l’aéroport de
Laayoune. Un grand merci à l’école OSUI Paul Pascon qui nous a permis de
réaliser un de nos rêves en partageant toutes ces choses avec leurs élèves.
Nous couchons ce soir en Mauritanie, à Nouadhibou. Nous partons presque en courant, pas fiers de nous. Les bagages en provenance de Tarfaya sont au pied de l’avion, ouf. Mise en route. Roulage. Essais moteur. Décollage. On a 4h00 de vol jusqu'à Nouadhibou, et nous sommes partis vite, trop vite. Ça n’est pas une première sur le raid et nous râlons un peu. La routine du vol reprend le dessus.
Départ de Laayoune avec survol de la rivière à la sortie de la ville |
La suite du voyage se déroule paisiblement. Seul
bémol, tous les équipages ont oublié de faire tamponner leur passeport pour sortir du
territoire marocain, nous devons donc nous poser à Dakhla pour les formalités
administratives. Nouveau plan de vol, déposé à l’ancienne, sur du papier. Nous perdons du temps, mais l'avantage d'être partis tôt, c’est que nous gardons une marge confortable par rapport à la tombée de la nuit. En plus, le vent souffle du nord sur le Sahara. Atterrissage turbulent, mais nous avons une vitesse sol pas banale tout en ménageant la mécanique et notre essence. Les terrains de déroutement ne sont pas légions dans le coin. Pour Nouadhibou, c’est Nouakchott. C’est à peine moins loin que de retourner à Dakhla.
Pose Sandwich en vol au côté du Captain des Com'unmanche : Lolo Lafayette |
Lolo pose l'avion à Dakhla |
Nous repartons dans la foulée, direction Nouadhibou. Le défilé du désert évoluant sous nos ailes reste spectaculaire. La roche jaune
parsemée de collines et de vallons laisse place aux dunes de sables si typiques de
l’image du désert que nous nous faisons. Les falaises vers l’océan restent bien
découpées façon biscotte que l’on a cassée. On ne se lasse pas de ce paysage qui
rend humble face à cette immensité sableuse.
Les côtes Mauritaniennes |
L’arrivée à Nouadhibou se passe sans problème et nous arrivons avec une heure
de moins encore. Nous sommes à présent synchronisés sur l’heure universelle (UTC), celle
utilisée en aéronautique. Nous avons 2h en moins par rapport à la France.
Camille pose notre avion à Nouadhibou |
Au sol, nous inspectons notre moteur qui semble consommer un peu trop d’huile à notre goût. Sur consultation des mécanos, c’est normal, notre moteur n’est
pas tout jeune, pas de fuite c’est juste de la gourmandise. Il est vrai que
jusqu’à maintenant, il démarre au quart de tour mais nous le garderons tout de
même à l’œil. Dans le pire des cas, nous nous sommes entraînés à dessiner des
moutons, si besoin...
Inspection du niveau d'huile de fin de journée, on y tient à notre moteur, surtout quand on en a qu'un ! |
Si vous gardez votre âme d'enfant et la faculté de vous émerveiller simplement c'est gagné!
RépondreSupprimerCoucou à vous trois ! Je vous suivais sur FB mais je n'avais pas testé le blog ! C'est chose faite ! J'ai tout lu d'une traite... quelle claque ! Vous m'avez fait voyager comme jamais. Un grand merci à vous d'avoir pris le temps de partager cela. A bientôt et continuez à profiter de cette aventure exceptionnelle !
RépondreSupprimerStef G.