samedi 21 septembre 2019

Jour 4 : Objectif Casablanca !


Départ : Mutxamel LEMU (Espagne)
Escale : Almeria LEAM (Espagne)
Arrivée : Casablanca Tit Melil GMMT (Maroc)

Distance : 1000 km
Temps de vol : 5h30

Petit déjeuner à 7h30 départ vers le terrain à 8h15.

La caravane s’organise. L’objectif du jour est de partir de Muxamel pour aller directement à Casablanca. Pour ça nous devons passer par La Axarquia LEAX pour refueler et passer la douane. 


Nous avons eu un peu plus de temps pour préparer le vol. Nous sommes bien reposés. Nous avons l'intention de tenter de rejoindre Casablanca en 2 étapes, en une journée. 
Azur 6 à la lueur du jour
A 9h le terrain ouvre et l’avion ouvreur décolle. Le briefing départ débute. 


Le plan à suivre est une montée verticale 4500ft pour entrée dans la CTR d’Alicante avec qui le Raid a négocié le passage de la caravane. Ensuite nous devons descendre à 1000ft pour passer sous la CTR de Murcia avec clairance. Un vol de drone survolant la province ayant subi des inondations dernièrement nous empêche de monter plus haut. Nous veillerons ensuite la fréquence du Raid 130.0 à l’affût d’information sur l’intégration à l’arrivée.

Pour cela, on manœuvre les avions à la main pour l’approcher au bord de piste pour mise en route pour remonter la piste et enfin décollage.
Le plan étant d’aller loin et vite, on fait partir les plus lents en avance puis on organise les 2 autres vagues avec un espacement de 5 min pour réguler le trafic trop chaotique le 2ème jour à l’arrivée sur Mutxamel.
Azur6 prêt au départ de Mutxamel
Nous décollons dans les derniers, il est 11h à la rotation. La composition de l’équipage est comme à l’arrivée sur le site : Eddy pilote, Laurent copil/navigateur et Camille radio.
Une fois en vol, nous montons jusqu’au point d’entrée de la CTR en attente d’une clairance. Nous avons le feu vert, nous passons. Même scénario pour Murcia.


Comme précédemment, le plan ne résiste pas à la météo très perturbée du moment. 
Plus nous avançons vers la destination et plus les conditions se dégradent Nous devons descendre à 500ft par moment tout en gérant l’espacement à la radio. Nous écoutons attentivement les annonces de positions de notre prédécesseur et notre successeur. Nous arrivons à conserver les 5 min recommandées en réduisant par moment notre vitesse. Il nous est difficile de voir les autres avions étant donné la nébulosité. La visibilité est pourtant de 10km vers la côte, l’ensemble reste néanmoins chargé. 

L’inévitable arrive, nous n’irons pas à LEAX, nous déroutons tous à Almeria sur ordre du leader et chef pilote. Nous nous arrêtons alors à 30 min de notre destination. Les conditions sont légèrement meilleures proche du terrain d’Almeria. Nous nous posons sans problème après une intégration directe en vent arrière. L’atterrissage se déroule bien, Eddy pose l’avion sans souci après une longue finale. Une fois la vitesse contrôlée, nous dégageons la deuxième bretelle par la gauche où un véhicule équipé d’un panneau « follow me » nous ouvre la voie.
Le F-RG posé sur le parking du terrain d'Almeria
Cette étape, juste prévue pour remplir les réservoirs et attendre que le temps s' améliore, s' éternise. Les douaniers et les services aéroportuaires font un peu de zèle. Le départ vers Casablanca est retardé jusqu'aux dernières extrémités.
Après avoir fait le plein par le biais d'une petite camionnette équipée d’une cuve de quelques centaines de litres qu’il faut ravitailler entre deux avions, nous sommes emmenés dans le hall de l’aéroport au milieu des voyageurs classiques. Et nous restons ainsi pendant plusieurs heures avec très peu d’informations des autorités espagnoles. On tente de prévoir une route vers Casablanca mais le temps passe et nous rattrapons dangereusement la nuit aéronautique. Il était environ 13h quand nous avons coupé le moteur à Almeria et il est 17h quand nous redémarrons vers Casablanca. Une fois la douane passée, on nous ramène en camion près des avions et nous courons vers nos montures vague par vague façon escadrille de Mirage 2000 en alerte pour décoller dès que possible.
 Pour nous, simple amateur d’aviation, cette réactivité est nouvelle et nous devons composer avec. Partir « en vrac » sans plan de vol construit avec juste une carte et un GPS vieillissant, les 3 membres d’équipage doivent donner de leur personne pour la bonne conduite du vol. Les rôles sont d’autant plus important à tenir. Chacun a sa place et nous ne pouvons y arriver l’un sans l’autre. D’autant que plusieurs menaces claires sont identifiées. L’Espagne n'est pas très accueillante pour le vol VFR, la météo nous le confirme mais nous devons passer en Afrique pour en finir une bonne fois pour toute.
Camille met en œuvre l’aéronef pendant que Laurent discute avec le monde entier par radio alors que Eddy calcule la route à suivre vers Casablanca. La mécanique Azur 6 marche du tonnerre mais nous devons lutter pour y arriver de manière optimale dans une fonctionnement hors de notre zone de confort.
Nous suivons le trait de côte jusqu’au large de Gibraltar, nous n’avons pas l’autorisation de passer par le détroit pour limiter notre passage en mer, Camille doit prendre le cap vers Tetouan nous forçant à mettre la terre derrière nous et à viser l’immensité de la mer. Pendant quelques minutes nous flottons au dessus de l’eau sans voir ni terre ni mer. Il est probable que nous ressentons un peu ce que Mermoz a dû ressentir quand il a opéré ses traversées de l’Atlantique Sud. Le monde est à nous, nos voguons vers notre destin mais le stress d’une panne moteur reste présent dans nos esprits, indéniablement.
A l’approche des côtes maghrébines, les nuages se font plus épais et la visibilité reste correcte. Nous n’avons pas le plaisir de voir le détroit de Gilbratar. Peut-être au retour.
Au dessus du Maroc, le contrôle aérien redevient francophone et la tension de la journée s’apaise. Nous sommes en Afrique !

Le vol du matin vers Almeria s' est bien passé, malgré le déroutement imposé par la météo. Le vol du soir met en évidence le manque de préparation. Nous nous égarons quelques minutes en suivant un point GPS erroné rentré à la va-vite. Nous perdons un peu de temps mais revenons sur la trajectoire. Ensuite, l'estimée de départ pour Casablanca semble, après réactualisation, dangereusement proche de la nuit. Nous envisageons un moment de dérouter vers Rabat, assez proche. C' est à ce moment-là que nous sommes doublés par un avion très semblable au notre, et qui poursuit résolument sur Casablanca, suivis par d' autres animés des mêmes intentions. Nous forçons l' allure et décidons de tenter le coup : après tout, la première estimée semblait bonne et les autres y croient dur comme fer. 

Et ça marche. Le contrôleur de Casablanca nous a confié à la grâce de Dieu. Nous ne savons pas si c' est notre prière qui a marché ou la sienne, mais nous nous posons à Casablanca sensiblement à l' heure estimée, avec une marge raisonnable par rapport à la nuit. Le vol nous a lessivé. Nous avons bossé comme des brutes, sans prendre le temps de regarder dehors. Quelle tristesse. Enfin, nous sommes à Casablanca.
Paysage nord marocain
Azur 6 posé sur le tarmac de Tit Mellil
Le ravitaillement se fait à l’ancienne ici, un bidon, une pompe à main et un gros tuyau dans le réservoir, sans oublier la pince de masse bricolée. On est dans l’ambiance direct et il faut pomper !
Séance ravitaillement manuel pour Camille et Laurent
A la sortie du terrain, une table géante est dressée façon restaurant de luxe improvisé sur le parking d’entrée du terrain. C’est un cadeau du directeur de l’usine Latécoère de Casablanca. Merci à lui pour ce repas aussi insolite que luxueux. 


Petit resto insolite façon Latécoère
On prend la route vers l’hôtel où nous posons nos bagages sur les coups de 22h. Alors que nous pensons cette longue journée terminée, nous rencontrons Bertrand Piccard notre parrain de l’édition 2019, un peu après le repas. Il prends la parole lors du débriefing. Demain nous irons à Tarfaya mais d’abord il faut dormir, il est déjà 00h.

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