Départ : Essaouira GMMI (Maroc)
Escales : Tanger GMTT (Maroc) et Grenade LEGR (Espagne)
Arrivée : La Axarquia LEAX (Espagne)
Distance :960 km
Temps de vol : 5h30
Ce matin nous sommes à Essaouira. Le petit déjeuner est jovial,
l’idée de rentrer en Europe après avoir fait tout ce chemin nous plaît bien.
Nous partons au terrain en taxi 4 par 4 pour d’abord passer les contrôles puis
effectuer la sortie du territoire. C’est amusant, nous passons les mêmes
contrôles que le transport commercial à ceci près que les restrictions des
liners ne s’appliquent pas à nous (contenant de 100ml, objet tranchant, ...).
Le passage de sortie du territoire se fait aussi simplement.
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Azur6 à l'aéroport d'Essaouira |
Sur le tarmac, nous prenons le temps de préparer la machine et de tout ranger. Au bout de 12 jours, nous commençons à n'être pas mauvais au jeu du Tetris
Les automatismes sont bien présents. Une fois prêts, nous décollons piste 34
avec Camille aux commandes et Eddy en copilote afin de préserver notre grand
sage.
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Le soleil tape, Eddy se protège comme il peut |
Il faut plus de 3h, malgré un peu de vent favorable en altitude. A 6500 ft, le vol est tranquille. Nous emmagasinons des images et des
souvenirs de cette région.
La route se fait tranquillement, nous évitons les zones militaires actives de
Guelmine juste avant Casablanca par des points de cheminements VFR existants au
Maroc. L’ensemble est très bien balisé et nous testons régulièrement les
aptitudes des contrôleurs aériens à notre passage à 20 avions, cela demande de
l’organisation et de la compréhension. Il nous est demandé de faire des
messages radios clairs et concis.
Une fois Casablanca passé et le trait de côte rejoint, 2 autres avions nous
rejoignent. Ce n’est pas exactement du vol en patrouille, nous gardons
un espacement confortable, mais nous volons en groupe, à 3, dans la même direction. Le tout sous les ordres de
Bernard, le 4ème larron qui apparaît derrière. Il propose de nous positionner
de manière à remonter la file et nous prendre en photo avec le paysage. Le
deal est alléchant, Camille se concentre, nous communiquons abondamment entre
nous sur 130.0, la fréquence opération, et nous nous retrouvons en formation de 3 avions en triangle
alors que le 4ème tourne autour de nous à la manière d'un photographe sur fond de plages marocaines. On reconnaît
bien là l'ancien pilote militaire. Après tout, il n’est pas dans
l’organisation du Raid pour rien.
Le moment est fabuleux. Les pilotes se régalent, les photographes
aussi. Nous nous fabriquons des souvenirs inoubliables. Ça dure l’espace d’une quinzaine de minute, tout est dans
notre caméra et un bon nombre de photos dans les 3 autres avions. Et
hop, c’est déjà le moment d’atterrir.
Nous arrivons enfin à notre escale à Tanger où nous avons dilaté la patrouille
pour procéder à une intégration à la queue leu leu. C’était sans compter la
nonchalance d’autres participants. Une fois en vent arrière bien maîtrisée où
nous arrivons tous les 4 bien espacés, un avion nous coupe littéralement la priorité et se
pose en plein milieu de notre groupe. Ce qui nous déstabilise et crée une
confusion dans le contrôle du terrain. Grâce au professionnalisme des
pilotes et des contrôleurs, ça se passe sans trop de désordre, même si nous
passons des minutes intenses avant que la sérénité ne revienne en finale. Ça n’est
vraiment pas facile de faire poser plusieurs dizaines d’avions dans le même
créneau horaire. Les bouches sont un peu sèches après l'atterrissage, et pas
parce que nous sommes aux portes de désert….
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La côte menant à Tanger |
À Tanger, pas le temps de frimer, on refuel et on se met aux ordres du leader.
Les nouvelles sont mauvaises, la douane espagnole prévue sur le terrain non contrôlé
de notre destination a décidé de nous faire faux bond. Nous devons passer par
Grenade avant d’aller à notre destination pour passer les formalités douanières. Nous devons rejoindre finalement La Axarquia où nous attendent les bus qui nous conduiront à l'hôtel. Le plan change plusieurs fois. Décidément les espagnols nous en font voir de toutes les couleurs jusqu’au bout. Le VFR n’est décidément pas apprécié dans ce pays.
Le briefing se fait en direct sous une aile de Cessna qui nous abrite du soleil
... quoi que ... à 30 sous une aile de Cessna... le carré d'ombre est cher.
Là encore on sent que l’habitude est créée et que nous devenons un peu plus expérimentés.
Nous maîtrisons notre stress de partir sans maîtriser notre trajectoire car
nous savons désormais nous adapter et nous partons avec un groupe avisé et
soudé. Nous repartons en toute confiance. Malheureusement en dernière position.
Le temps passe et nous recommençons à compter les heures avant le coucher du
soleil.
Eddy passe pilote avec Laurent en copilote. C'est le moment de la traversée du détroit de Gilbratar. Nous quittons le terrain par la vent arrière puis direction
la côte pour passer le détroit au large des zones P. Les gilets sont de
rigueur lors d’une traversée comme celle-là. On nous demande de rester à 2500ft
jusqu’au large des côtes Marocaines puis de monter au FL085 pour redescendre rapidement après et nous poser à Grenade. On se regarde
longuement entre 3 paires d’yeux quand on entend à la radio la requête de
monter si haut. Ils nous prennent pour des Airbus ou quoi ?! La machine va-t-elle pouvoir le faire ? Avec la chaleur, ça
fait deux jours que nous peinons à grimper jusqu’au FL065 et là on nous demande
de monter 2000ft plus haut. Nouveau challenge. Eddy maintient le cap et l’avion
en montée tout en surveillant la vitesse alors que Lolo garde un œil sur le
moteur et se bat avec le contrôle espagnol pour annoncer notre position.
Camille guette les trafics et nous guide avec son GPS. C’est une tâche
assez dure pour notre avion, qui surmonte l'épreuve vaillamment. Il ne monte
pas bien rapidement, mais surement et nous passons au-dessus de la piste de Malaga à l’altitude
exigée avec un maximum de dignité.
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Passage de Gilbratar, continent Africain |
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Passage de Gilbratar, continent Européen |
Nous
prenons vraiment du plaisir en vol. La mécanique Azur 6 est maintenant bien
rodée. On en profite plus qu’à l’aller dans les mêmes conditions.
Une
fois la côte Espagnole rejointe, nous passons un premier massif puis nous
engageons notre descente vers le terrain de Grenade. Notre vol ressemble
furieusement à celui de l’Airbus Zéro G, c’est une trajectoire parabolique ...
mais sans l’apesanteur.
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La montée au FL085, ça donne ça
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L’intégration
se fait aux ordres du contrôle qui nous fait orbiter en fin de vent arrière
pour poser un Boieing de la compagnie Vueling avant nous à contre QFU (le contrôleur veut nous faire poser dans l'autre sens, après lui). A priori, ce
n’est pas inhabituel pour les avions de ligne qui procède essentiellement aux
instruments et en atterrissage direct . Vient notre tour et Eddy
effectue un posé digne d'un 747 sur cette grande piste bitumée.
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Laurent semble satisfait de l'atterrissage de son jeune padawan |
Le moment de passer à la douane est arrivé. Un véhicule nous attend au pied de
notre avion pour nous emmener directement à la douane. Il se fait tard, le
personnel de l’aéroport et de la douane doivent avoir envie de rentrer chez eux
car ils nous contrôlent à la vitesse grand V. Juste un sac par personne et le
passeport. Un sac à dos suffira et on ne nous demandera même pas de passer au
portique après avoir contrôlé notre passeport. En 10 min, c’est plié. On
retourne à l’avion où la caravane du Raid s’est déjà remise en route. Nous
partons chacun notre tour à la suite pour enchaîner les départs.
Il
nous reste environ 1h15 avant le coucher du soleil. Lolo et Camille commencent sérieusement à douter de la faisabilité de cette dernière portion jusque La
Axarquia où nous attendent notre hôtel et l’aéroclub du coin. Eddy, dans son
éternel optimisme, est convaincu du contraire. Et ça tombe bien car c’est lui
qui conserve les commandes pour terminer cette journée de vol. Après avoir
laissé passer 2 autres avions de ligne à l’atterrissage, nous redécollons de Grenade.
Il nous
reste à peine 60 min. Le terrain n’est qu’à 20min de vol de Grenade mais le
trafic est dense pour y arriver, nous allons tous y être en même temps, il faut
être prudent et de l’attente n’est pas impossible. Après la montée initiale,
léger virage à gauche vers le point S de LEGR pour sortir de la CTR puis cap
sur le point PV d’entrée dans celle de La Axarquia. Nous sommes à 4500ft quand
nous franchissons les reliefs entre les deux zones. Un lac apparaît, c’est le
point PV. Visiblement, pas trop de trafic.
On franchit la dernière petite colline avant d’apercevoir le terrain et de
procéder par la verticale, puis une intégration en vent arrière main droite pour
la 12. Nous sommes en auto-information et le trafic précédent est au toucher des roues. Tout va bien.
Azur 6 immobilise l’avion sur le parking avec 30 minutes de
marge par rapport à la nuit aéronautique (30 mn après le coucher du soleil). L’avion de l’organisation ferme la
marche et atterrit quelques minutes avant le coucher du soleil. Nos anges
gardiens sont essoufflés. Un avion est resté en panne à Grenade. Ensuite, nous
campons les avions avec le sourire. Nous avons encore réussi à chiper sa
tartine au tigre. Une
fois encore, l’expérience acquise pendant ces 2 semaines nous a été plus que
profitable quand on repense à la situation similaire que nous avions traversée
7 jours plus tôt, à l’aller, à l’arrivée au Maroc, et où le coucher du soleil nous
avait déstabilisé. La leçon retenue est de ne pas stresser plus que nécessaire.
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Laurent regardant vers l'horizon au coucher de soleil, comme pour montrer sa trajectoire depuis Dakar |
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Notre avion a fier allure sous ce coucher de soleil |
L’intendance s’est bien un peu déréglée, à cause de notre
retard, mais c’est secondaire. Une boisson fraîche et quelques airs de ukulélé pour patienter et le tour est joué. Nous sommes presque tous là, et nous
sommes tous en sécurité sous les étoiles bien qu'assez fatigués.
Il est presque 22h quand nous arrivons à l'hôtel pour grignoter un morceau, tirer le rideau sur la journée et réaliser que nous avons dit au revoir à l'Afrique et bonjour (ou plutôt bonsoir) à l'Europe aujourd'hui !.